Chevron ExoCrise

Sécurité. Afin de tester grandeur nature les différents plans d’intervention et la coordination des acteurs, en cas de catastrophe industrielle, la préfecture a lancé hier une simulation exceptionnelle chez Chevron Oronite.

Chevron Exo
Le bruit de l’explosion a retenti hier matin à 8 h 35 dans l’unité HoB2 de l’usine Chevron Oronite (Seveso seuil haut), sur la zone industrielle du Havre. Une défaillance sur cette unité de fabrication d’additifs pour lubrifiants a provoqué une fuite de solvant et la formation d’un nuage de gaz inflammable et explosif. Les victimes se comptent par dizaines au sein de l’unité mais aussi sur le chantier voisin. Un opérateur, témoin de l’explosion et de l’incendie, déclenche l’alerte.

C’est le scénario retenu pour la simulation grandeur nature d’une catastrophe industrielle destinée à tester en conditions réelles la mise en place du PPI (plan particulier d’intervention). Un exercice initié par la préfecture qui n’avait pas eu lieu sur la zone industrielle du Havre depuis 2005. Hier, toute la journée, il a mobilisé 292 personnes.

UNE QUARANTAINE DE VICTIMES

« Nous voulions une simulation qui associe risque technologique et évacuation massive de blessés. Bien sûr, dans le contexte actuel, nous avons sous-joué certains éléments afin de libérer des effectifs pour la sécurité publique », indique François Lobit, sous-préfet du Havre. « Cela nous permet de voir si ce qui est prévu sur papier est praticable et de mieux appréhender les imprévus. C’est aussi un moyen de se connaître et que tous les intervenants parlent le même langage. Ces exercices sont indispensables car le risque zéro n’existe pas », souligne de son côté Olivier Clavaud, directeur industriel de Chevron Gonfreville-l’Orcher, président de la commission risques et président de l’association E-Secuzip-Le Havre.

Dans la demi-heure qui suit l’accident industriel, un plan d’opération interne est déclenché chez Chevron. La préfecture, alertée, met en place le PPI avec un poste de commandement opérationnel sur la commune de Gonfreville-l’Orcher (voir ci-dessous).

Les pompiers, le Samu et le personnel médical (dont une douzaine de médecins) prennent en charge la quarantaine de victimes, dont neuf blessés graves, nécessitant une prise en charge rapide. Un poste médical avancé est monté au pied de l’unité afin de prodiguer les premiers soins avant évacuation. Pendant ce temps, le Grimp (Groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux) extrait toujours des hommes bloqués en haut de l’usine. L’hélicoptère Dragon 76 fait des allers-retours vers le Groupe hospitalier du Havre qui a, de son côté, déclenché son « plan blanc » destiné à accueillir les nombreuses victimes (jouées par des élèves infirmiers).

Acte de malveillance, défaillance technique ou humaine… Tous les intervenants sont désormais préparés à faire face. Autant que faire se peut.

MARIE-ANGE MARAINE